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Édito "Écologie et féminisme"

mardi 14 octobre 2008, par La rédaction

Écologie et féminisme... autant les deux engagements se retrouvent fréquemment chez les mêmes personnes, autant le lien est rarement explicité. Au-delà de l’exigence d’égalité entre hommes et femmes, la présence même, au sein de l’écologie politique, de valeurs humanistes – ces "luttes non-prioritaires en matière d’environnement" et dont les écologistes se mêlent curieusement – serait-elle un simple épiphénomène et non une nécessité idéologique ?

Ce dossier d’EcoRev’ s’attachera donc dans un premier temps à clarifier le lien entre ces deux mouvements, leur proximité idéologique et leur offensive simultanée sur la citadelle politique.
Écologie et féminisme… donc écoféminisme ? La première traduction française de l’introduction du Rethinking Ecofeminist Politics de Janet Biehl permet de faire un point rapide sur les dérives essentialistes et folkloriques – essentiellement anglo-saxonnes – d’un écoféminisme ayant pu être tenté de déserter un moment le champ politique. Francine Comte et Alain Lipietz se situent résolument dans ce champ-là. Et répondent à nos questions sur quarante ans de féminisme et d’écologie politique à la française.
Noël Burch interroge ce qu’on en commun les images qui nourrissent les adversaires du féminisme et de l’écologie en politique, tandis que Bertram Dhellemmes se penche sur la remise en cause du fonctionnement politique qu’induisent les deux mouvements de pensée.
Florence Jany-Catrice, Sandrine Rousseau et François-Xavier Devetter, en partant de situations concrètes et avec un certain pragmatisme, interrogent dans un second temps le modèle d’égalité hommes/femmes au regard de ses conséquences écologiques. Et ouvrent des pistes qui permettront à la position spécifique des femmes de nourrir la critique du productivisme et de l’organisation sociale du travail.
Alors que les écoféministes au Sud recueillent aujourd’hui le fruit de leurs travaux – prix Nobel de la Paix accordé à Wangari Maathai en 2004, reconnaissance unanime du micro-crédit et du rôle positif de l’investissement des femmes dans l’économie – Bruno Boidin fait le point sur ces nouvelles approches genrées, leurs qualités et leurs limites. Mathilde Szuba, à partir d’un ouvrage ancien de Francis Ronsin, nous permet de nous repencher sur la question de la limitation des naissances, qui a pu lier émancipation féminine, révolution sociale et nécessités environnementales. Un kit militant, en clin d’œil au dossier, présente en fin de numéro les bases de l’écomaternage.
A y regarder de plus près, comme nous avons tenté de le faire, l’écologie et le féminisme peuvent entretenir un dialogue fructueux. En se nourrissant l’un l’autre plutôt qu’en suivant des chemins simplement parallèles, ils mettent en lumière les fonctionnements les plus aberrants de notre société, et lui font des propositions à proprement parler révolutionnaires.