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Les Amis de la Terre, des amis de 35 ans
mercredi 3 mai 2006
Nés en 1969 aux Etats-Unis, les Amis de la Terre se sont rapidement étendus partout sur la planète. En France, de grands noms - Théodore Monod, Claude Levi-Strauss - parrainent l’association, qui mobilise sur tous les sujets environnementaux. En 1974, elle est à l’origine du lancement de la candidature de René Dumont à la présidentielle. Depuis 1983, les Amis se sont recentrés sur leur activité associative.
Contester une évolution qui semble plutôt considérer l’Homme comme un obstacle à un développement économique et scientifique sans loi, ni finalité.
Et militer pour une civilisation qui reconnaisse que la source de notre énergie et le modèle de notre équilibre se trouvent dans la nature dont nous sommes issus et à laquelle nous appartiendrons toujours.
C’est ce que font les "Amis de la Terre", association sans but lucratif.
Comment ? En intentant des procès aux pollueurs. En intervenant auprès des pouvoirs publics.
En publiant des informations qu’on ne trouve pas ailleurs, parce qu’il n’y a aucun intérêt financier ou publicitaire ou politique à les publier.
Pour réaliser ce programme, nous regroupons tous ceux qui sont convaincus que des choix technologiques irresponsables mettent le vaisseau spatial terre en danger".
Tels étaient les propos de la "lettre ouverte aux habitants d’une planète mourante" publiés dans le premier numéro du Courrier de la Baleine, le journal des Amis de la Terre, en juillet 1971.
S’attaquer aux causes
C’est deux ans avant, en 1969, que l’écologiste David Brewer avait quitté la présidence du Sierra Club américain pour fonder une association qui, selon ses vœux, sache remonter aux causes des atteintes à l’environnement et les combattre : Friends of the Earth était né. Dès 1970, des Britanniques et des Français créent les Amis de la Terre dans leurs pays. En France, c’est le navigateur, écrivain et journaliste Alain Hervé (fondateur de la revue Le Sauvage), qui en a pris l’initiative en juillet, soutenu par un Comité de Parrainage comprenant Jean Dorst (naturaliste, ancien directeur du Muséum d’histoire naturelle), Pierre Fournier (romancier sous le nom de Pierre Gascar), Claude Lévi-Strauss (ethnologue), Konrad Lorenz (biologiste), Théodore Monod (ethnologue, adhérent aux Amis de la Terre jusqu’à sa mort) et Jean Rostand (biologiste).
Les premiers thèmes d’actions en France ont été une campagne contre le commerce des fourrures animales (en partenariat avec la branche britannique), la lutte contre la centrale atomique de Fessenheim en Alsace, la défense des espaces verts urbains ou une campagne internationale pour l’obtention d’un moratoire sur la chasse à la baleine (le projet des Amis de la Terre "Jonah", qui animait cette campagne, allait aboutir à la création de Greenpeace France en 1977).
Un large champ d’action
La lutte contre le nucléaire sera sans doute le combat le plus soutenu des Amis de la Terre. Dès janvier 1971, lors de la première réunion internationale des différents groupes à Rambouillet, un moratoire sur le fonctionnement des centrales atomiques est demandé en application de ce qu’on n’appelait pas encore à l’époque le "principe de précaution". Contre les essais encore, dès 1973, un ami de la Terre, Brice Lalonde, avec notamment le général pacifiste La Bollardière, se rendit en voilier jusqu’à l’atoll de Mururoa afin d’empêcher les essais nucléaires, alors atmosphériques.
Mais les autres thèmes ne sont pas en reste. Très vite, des groupes locaux se créent en France. Il s’agit de se mobiliser soit en réaction (réduction des risques chimiques après l’accident de l’usine de Seveso en Italie, naufrage de l’Amoco Cadiz...) soit, au contraire, dans une démarche de proposition et de réflexion (création de l’association de promotion du papier recyclé, développement des produits verts, installation d’une éolienne dans une ferme du Larzac, colloque international "l’écologie contre le chômage"). L’écologie urbaine est également devenue un de leurs thèmes moteurs, dont le symbole sera les manifestations monstres de cyclistes sur les Champs-élysées dans les années 70.
Recentrage associatif
L’association a été parmi les initiatrices des candidatures écologistes aux élections politiques, notamment la présidentielle de 1974 avec René Dumont, devenu ensuite Président d’honneur. On y rencontrait des militants qui ont fait leur chemin depuis, comme Pierre Radane ou Dominique Voynet. En 1983, les Amis de la Terre décidaient cependant de se recentrer sur leurs activités associatives. Une grande partie des militants a alors quitté l’association pour participer à la création des Verts, comme Yves Cochet (groupe de Rennes). D’autres, comme Brice Lalonde (groupe de Paris), créeront plus tard Génération Ecologie.
Ces départs ont entraîné un affaiblissement des ressources militantes. Plusieurs équipes, notamment celles de Pierre Samuel et de Guy Aznar, se sont alors succédées pour maintenir une action nationale. Après cette baisse de régime au milieu des années 90, les Amis de la Terre France ont été relancés en 1998. Ils animent depuis de nombreuses campagnes dont les deux principales concernent actuellement la consommation en France de bois tropical et les critères sociaux et environnementaux dans les institutions financières internationales (OCDE, OMC...) et les agences de financement publics (Coface...). La fédération internationale, très décentralisée, réunit aujourd’hui plus d’un million d’adhérents dans 71 pays de tous les continents. Elle est reconnue comme ONG par les organismes internationaux et participe à ce titre aux négociations multilatérales sur l’environnement et le développement.
Helder De Oliveira
France : www.amisdelaterre.org
International : www.foei.org/fr/
Europe : www.foeeurope.org