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Appel de Bellevue : "Le climat, l’urbanisme, l’habitat et le transport, une priorité pour un partenariat Nord-Sud"

octobre 2002, par Benjamin Dessus

En Juin 2001 paraît le second appel de Bellevue. Signé en quelques semaines
par près de 1500 économistes, associatifs ou chercheurs, le premier " Appel
de Bellevue " insistait sur la nécessité pour l’Europe de mettre en ?uvre
au plus vite l’ensemble des technologies économes en énergie et des
filières d’énergies renouvelables dont elle dispose d’ores et déjà, ainsi
que d’instaurer une nouvelle régulation en matière de commerce
international. Le second appel précise la démarche partenariale Nord-Sud
envisagée et propose un programme spécifique de coopération avec les pays
en développement dans les domaines de l’urbanisme, de l’habitat et du
transport, trois domaines dans lesquels les choix initiaux
d’infrastructures ont des conséquences majeures et de très longue durée à
la fois sur le développement économique et sur les émissions de gaz à effet
de serre des pays concernés.
Pour les signataires, il est temps pour l’Europe de s’engager résolument et
sans attendre dans la proposition et la négociation avec les pays en
développement d’accords de partenariat pour le développement durable. Ce
développement économique doit se faire en fonction des objectifs, de
l’histoire, de la culture et de l’organisation sociale, mais aussi de la
protection du climat propre à chaque pays du Sud. L’offre partenariale de
moyens humains techniques et financiers pour le développement durable est
d’abord une affaire de justice et de solidarité internationale, mais c’est
aussi une nécessité pour engager un combat efficace contre le
réchauffement, et une condition indispensable au déblocage de la
négociation Climat.
Le principal outil de coopération avec les pays en développement du
protocole de Kyoto est "Le Mécanisme de Développement Propre" (MDP). Mais
il n’est pas à la dimension, ni quantitativement ni qualitativement, des
problèmes de développement et de lutte contre le changement climatique qui
se posent à l’humanité. Il ne peut à lui seul impulser les mécanismes
sociaux et politiques nécessaires au développement durable et notamment
produire des investissements significatifs dans les domaines des
infrastructures essentielles du développement que sont les réseaux de
transport, l’urbanisme et le bâtiment. On sait pourtant que c’est dans ces
domaines que se concentrent les synergies principales entre les priorités
d’investissement des pays en développement et les enjeux à long terme de la
lutte contre le climat. C’est le cas, par exemple, du développement urbain.
Ce n’est pas en rémunérant les tonnes de carbone évitées à 20 $ ni même à
200 $ qu’on évitera un l’étalement urbain, ni qu’on construira des
transports en commun comme le métro ou le tramway, ni qu’on établira des
normes et des réglementations thermiques pour les bâtiments résidentiels et
tertiaires alors que la moitié environ des émissions de gaz à effet de
serre est attribuable à ces secteurs d’activité. C’est aussi pour améliorer
cette coordination que l’intervention d’autorités publiques reste
indispensable dans les domaines de l’aménagement du territoire, des réseaux
de transport, des normes de construction, etc., non seulement pour fixer
les grandes orientations, mais aussi pour créer les conditions d’un
consensus de la société sur les options retenues pour le développement
durable.

L’Europe doit contribuer à élargir l’éventail de choix des pays du Sud en
matière de développement, à traduire ces choix en programmes et coopérer à
la réalisation des infrastructures qu’ils auront décidé. L’expérience
technologique et la culture démocratique de l’Europe peuvent mettre en
place un programme spécifique consacré à l’aide au choix, à la
planification, et à la réalisation d’infrastructures du développement
efficaces du point de vue énergétique et économes en émissions de gaz à
effet de serre, en particulier dans les domaines de l’urbanisme, de
l’habitat et du transport. Pour être crédible et politiquement recevable
par les PED, un tel programme doit impérativement dégager des "ressources
nouvelles et additionnelles". Pour être efficace, il doit combiner des
moyens humains pour développer la capacité technique et la capacité
d’animation dans les pays du Sud, avec des moyens financiers. Des dons et
des prêts des institutions européennes, éventuellement articulés avec un
futur MDP, pourraient catalyser les investissements publics et privés
indispensables.
Un tel signe positif de l’Europe, assorti des moyens institutionnels et
financiers indispensables, est de nature à rendre enfin crédible aux yeux
de nos partenaires du Sud, notre volonté de lutte contre le changement
climatique et dépasser les contradictions de la négociation actuelle.

http://www.climate.be/bellevue/index_fr.php

Initiateurs :
Benjamin Dessus (Président de l’ONG Global Chance), Pierre Castella
(Président de l’ONG Solagral), Jacques Testart (Président de la Commission
Française pour le développement durable), Bernard Laponche (ancien
Président de l’Agence Française pour la Maîtrise de l’Energie), Bernard
Devin (Consultant, expert ONU/CENRD), Edgar Blaustein (Économiste conseil)