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La Jérusalem invisible
avril 2003, par
La Paix en Israël… Une jeune fille de onze ans en trace quelques traits à l’occasion du festival israélien OlymPeace.
It’s impossible to describe peace.
It’s a kind of dream that one refuses to shake off :
In it, everyone’s joyful and cheerful,
a tune is heard from above,
yeah, everyone’s happy…
But what will it be like when peace does come ?
Of course we’ll be happy -
for a while,
but what then ?
We might get bored, mightn’t we ?
No one can tell.
I’m just a little girl, who understands little.
But don’t you think that this vague thing,
from which no one wishes to wake up,
is something real, but forgotten ?
What has all this to do with me ?
I’ll tell you, then :
One thing I know, one teeny-weeny thing :
If you want something hard enough,
it’s sure to come !
Will you then listen to me,
as little as I am ?
For this I know I can give you :
HOPE.
Hadas, collégienne, Jérusalem, printemps 2002.
Hadas nous a donné de l’espoir avec ses sages paroles et son intuition. Si les enfants de ce conflit peuvent conserver une telle image en eux, alors il reste une chance. Dès lors, comment, nous, adultes, pouvons-nous les aider à explorer les possibles d’une réalité différente de celle à laquelle les média les exposent tous les jours ?
Le foyer du conflit est Jérusalem, la source de bien des tragédies. Malgré l’union de 1967, la ville est toujours séparée par des check points et une profonde peur réciproque. Pourtant, des initiatives sont prises, qui sont largement ignorées des média, et il demeure des occasions de rencontres insoupçonnées.
Le danseur Yaron Margolin a mis un terme à son activité professionnelle en 1999 pour se consacrer à des jeunes de 14 à 18 ans, supposés faire partie de la "génération foutue". Il a introduit ces jeunes dans le monde de l’art, où ils apprirent à canaliser leur énergie dans l’expression artistique plutôt que dans la violence et la haine. Ainsi, dans l’enceinte du studio, de magnifiques relations se nouèrent entre jeunes juifs et arabes, en rupture avec ce qui se tramait au-delà des murs. Même les jours d’attaques terroristes, ils travaillaient et dansaient ensemble. Parfois, certains jeunes arabes ne pouvaient participer à cause des barrages routiers aux abords de Jérusalem. Les danseurs venaient de toute la ville assister aux entraînements et aux répétitions, symbolisant ainsi la tolérance et une meilleure qualité de vie en Israël et dans le monde.
Le 30 janvier 2002, le Yaron Margolin Dance Group est enfin apparu sous le feu des projecteurs des télévisions et journaux lors de la venue au studio du maire de Jérusalem, M. Ehud Olmert. La représentation donnée par les danseurs suscita un énorme engouement dans tout Israël, et de nombreux enfants voulurent rejoindre le programme - en particulier des jeunes arabes de Nazareth, Jaffa, Tel Aviv, etc., qui disaient que le programme leur avait donné de l’espoir.
Dans le même temps, les gisements qui alimentent la haine et la guerre sont inépuisables, et les activistes de la paix travaillent sur les seules bases de la bonne volonté et d’une conviction profonde. Et les gens comme Margolin trouvent rarement les moyens nécessaires pour répondre aux attentes des enfants qui, après avoir vu les danseurs, en redemandent encore.
Il y a des dizaines de projets de coexistence à Jérusalem, tels que le festival israélien OlymPeace qui combine activités sportives et artistiques, ou encore le programme de jumelage d’écoles arabes et israéliennes que je dirige depuis six ans en dépit du changement de la situation politique. Pourquoi ont-ils échoué jusqu’à présent à atteindre une masse critique et à faire boule de neige ? C’est une question cruciale qui mérite une discussion en soi.