Accueil > Les dossiers > Depuis le 39, printemps-automne 2012 > N° 39 (printemps/été 12) / Le Commun ou la relocalisation du politique > Le Commun c’est un "faire ensemble"

Le Commun c’est un "faire ensemble"

Entretien avec Antonio Négri avec la collaboration de Carlo Vercellone

vendredi 1er juin 2012, par Antonio Négri, Carlo Vercellone, EcoRev’

Pour Antonio Négri, le Commun recouvre plusieurs dimensions. Comme « fait productif », il s’inscrit dans la continuité des transformations du travail fondée la coopération et la circulation sociale des produits et des activités. Comme source d’un projet politique, le Commun marque une rupture avec les régimes public (étatique) et privé des droits de propriété. Comme régime de la décision collective, il rompt avec une conception libérale de la démocratie, fondée sur la représentation et le système de vote.

EcoRev’ - La notion de Commun est arrivée sur la scène politique depuis quelques années seulement. Elle a été popularisée par E. Olström, prix Nobel d’économie en 2009, avec la notion de bien commun. De quoi parle-t-on ? Et pourquoi en parle-t-on autant aujourd’hui ?

A. Négri - J’ai commencé à écrire sur le Commun avec Mickaël Hardt en 2009 (Commonwealth, Cambridge University Press). Et pourquoi la notion est-elle devenue tellement "banale" ? parce que les gens ont commencé à prendre conscience du fait que la société interagit de plus en plus fortement avec les conditions d’organisation de la coopération sociale dans le travail. Et ces relations d’interaction remontent avec force dans la crise. On s’aperçoit dans la crise : 1/ que l’on travaille ensemble ; 2/ que l’on est exploité ensemble ; 3/ que la vision marxiste de celui qui exploite d’un côté et de celui qui est exploité de l’autre est devenue quelque chose de banale. On est immergé dans les banalités ! Et le Commun est quelque chose qui casse la banalité.
Mais le Commun ne veut pas dire "biens communs" : dire "bien" et dire "marchan-dise" c’est la même chose et dire "marchandise commune", c’est une bêtise  ; la marchandise est toujours ce qui ressort d’un fait ou d’un acte d’exploitation.

Le Commun, lui, est un tissu de relations (sociales, productives…) ; le Commun est toujours la condition et le résultat d’un acte d’hybridation.
Certes, il y a un certain naturalisme possible (l’eau, l’air font partie du Commun) mais dès que tu parles de ces choses naturelles, tu t’aperçois vite que ces choses n’existent pas parce que la Nature plus en général, prise dans ces relations, se présentent comme des "produits" historiques, économiques.
Et donc, parler du Commun, c’est parler de quoi ? C’est parler d’un certain nombre de marchandises transfigurées par le marché capitaliste d’un côté et par une prise de conscience d’un fond de coopération originaire, conscience qui est celle du Commun. Le Commun, c’est un "faire".

… un "faire ensemble"

A. Négri - Oui, je crois que Commun, c’est la traduction de "Cum" (avec). Le Commun, c’est "Être ensemble". C’en est la traduction active et objective. Le Commun est un mode particulier de production qui caractérise la situation actuelle. Et de ce point de vue, j’ai entendu dire des tas de bêtises. Par exemple, le travail est un bien commun. Non ! le travail n’est pas un bien commun. C’est une activité, il ne se partage pas.

C. Vercellone - Il y a aussi l’idée d’une identification du travail à l’emploi et au travail salarié.

A. Négri - Ensuite, si tu détermines le Commun comme un concept (ou une réalité) dynamique, il est évident qu’il faut essayer de comprendre comment, de l’intérieur, se déploie cette dynamique. Par exemple, il est difficile de penser le Commun sans penser la monnaie. C’est assez difficile de penser à des rapports entre les singularités ou à des rapports multitudinaires sans envisager des interactions entre ses membres.
Je n’arrive pas à imaginer un Commun qui, dans la sphère de la production sociale, ne soit pas traversé par des relations d’échange. Le Commun repose sur la circulation sociale des individus, des projets, des idées, des ressources….
Or la monnaie est un moyen de circulation. Il faudrait donc arriver à penser une monnaie commune, qui ne puisse être accumulée.

Une "monnaie sociale", une monnaie qui ne soit pas "subsumée" par le système bancaire.

A. Négri - Oui. C’est évident que ce pouvoir d’abstraction extrême détenue par les banques est un pouvoir absolu du capitalisme sur les échanges.

Mais l’adversaire du Commun, c’est le capitalisme ou l’Etat ? Car on peut penser aussi que le contrôle et la normalisation des liens sociaux relève de l’action de l’Etat.

C. Vercellone - Une remarque pour compléter cette question. On s’est aperçu avec la dégénérescence du secteur public, de plus en plus hybride avec le privé, que la prise de conscience et la défense du commun a émergé dans tout une série d’institutions qu’on pensait "garanties" par l’Etat comme les retraites ou les activités de services rendues dans les sphères des productions et des consommations collectives (éducation, santé, culture,…).

A. Négri - On doit bien insister sur le moment. Le Commun, comme concept ou comme source de projet politique, émerge aujourd’hui car on s’aperçoit que le public n’arrive plus à être le médiateur entre le privé (le capital) et la force de travail. Le capital, organisé en forme constitutionnelle (ou forme Etat) est arrivé à contrôler le marché du travail, les salaires et aussi les salaires différés qui ne cessent de prendre de l’importance à mesure que le travail devient socialisé. On s’aperçoit alors que le public n’existe plus mais aussi que le privé ne peut pas vivre sans le public. C’est la chose la plus fondamentale dans cette crise. Le public et le privé sont des choses que tu n’arrives plus à discerner et donc à définir. Il n’y a que des puissances financières, complètement abstraites. La seule chose que tu comprends, c’est la réalité d’une accumulation originaire nouvelle qui se joue sur un nouveau mode de production et qui a besoin du Commun comme base.

C’est de ce point de vue que tu arrives à toucher la méthodologie marxienne, quand tu reconnais qu’il existe un Commun qui n’a rien de naturel mais qui est donné en tant que fait productif.

Il y a quand même un blocage. On ne bascule pas automatiquement dans le nouveau mode de production. On comprend que la productivité est sociale, que le travail déborde l’entreprise….

A. Négri - Le travail ne déborde pas l’entreprise, mais l’industrie. Depuis, longtemps, l’entreprise n’est plus l’unité pertinente, au cœur de la valorisation capitaliste. Le travail coopératif ne peut plus être contenu dans l’entreprise, ni même au niveau du secteur de l’industrie.

On serait donc dans un système où la valorisation est devenue anarchique.

A. Négri - Oui, d’un point de vue sociologique dans la mesure où l’on peut penser que c’est toute la Société (et pas seulement l’industrie) qui est devenue productive. Non, du point de vue du contrôle financier. Car la finance suit continuellement ce remodelage du social et son assemblage institutionnel et matériel. La finance s’immisce partout dans des espaces sociaux disséminés qu’elle subsume dans des rapports monétaires et financiers et qu’elle place ainsi sous son contrôle. C’est cela la puissance financière.

Par le jeu de la Finance, il y a donc un rapport spatial du capital à la collectivité comme ordre productif, rapport qui pose ouvertement le Commun comme objet de valorisation. Se pose alors la question politique d’une reconnaissance d’une certaine forme d’autonomie, de liberté ou de droit attaché au Commun.

A. Négri - Si tu veux passer à ce niveau de discussion, pour moi, quand on dit Commun, on invoque trois choses :
– 1/ On invoque l’idée de "communalisation" juridique c’est-à-dire des biens qui sortent de la sphère publique de l’Etat et de la sphère privé du marché. Se pose alors le problème de l’accessibilité du Commun à tous.
– 2/ La question qui vient ensuite est de savoir comment on gère le Commun d’un point de vue démocratique.
– 3/ Le dernier problème est celui de la participation.

Ces enjeux expliquent que le problème de l’Etat devient secondaire. Toute forme d’Etat souverain, dans laquelle les sources du pouvoir sont transcendantales, est à mettre de côté. Il faut réussir à inventer et gérer une "forme politique" du Commun qui réponde aux trois problèmes que je viens de poser. Mais dans cette "forme politique", le pouvoir ne doit pas être absent. Le pouvoir est nécessaire parce que l’ordre est nécessaire, parce que la sécurité, le rapport entre les hommes sont des choses importantes, parce que les structures physiques du Commun doivent être préservées. C’est complètement institutionnel tout cela.

C. Vercellone - Du point de vue des formes de la propriété, le commun se définit-il par rapport aux catégories de l’usus (droit d’usage), abusus, fructus (droit d’usufruit) ou signifie-t-il une destruction de ces catégories ?

A. Négri - C’est l’usus sûrement. Et après il faut l’organiser. Mais c’est un problème (philosophique) dont on ne sort pas. A chaque fois que l’on veut organiser l’usus, on est arrivé à mettre les gens dehors. C’est le problème des franciscains, qui étaient ceux qui disaient que, dans la propriété, il y avait seulement l’usus. Mais l’Eglise s’y est opposée en disant que c’est impossible, que c’était la chose la plus révolutionnaire qui soit. Et l’ironie a voulu que la monnaie et la finance soient nées de l’usus. Mais il faut revenir à l’usus. Tous les gens doivent accéder au Commun. La qualité de l’accession doit simplement être liée au besoin individuel.

Mais revenir à l’usus, c’est aller à l’affrontement direct entre d’un côté ceux qui tirent leur revenu de rentes liées à des positions de monopoles sur les usages des biens ou des ressources disponibles et de l’autre, ceux qui demandent un rapport ouvert, direct, démocratique au Commun, au nom du "vivre et du produire ensemble".

A. Négri - Pas seulement démocratique, mais aussi "participationnelle".

C. Vercellone - Quel rapport y-a-t-il entre cette forme "participationnelle" et la démocratie participative ?

A. Négri - En réalité, la démocratie participative, et donc la participation, a toujours été subordonnée à l’unité de l’Etat et des institutions. C’est pourquoi, dans une logique participative, les budgets alloués aux institutions ou aux acteurs collectifs étaient toujours partiels. Et de fait, la participation a toujours été placée sous contrôle. Mais pour aller plus loin dans cette idée d’"implication participationnelle", il faudrait voir en Amérique Latine, les expériences indigènes, en Bolivie, au Pérou ou en Equateur. Car dans ces pays, on assiste une reconstruction d’un certain rapport d’usus qui existait dans la tradition indigène. Mais ce rapport est très difficile à discerner.

Cela nous amène à la question de savoir qui peut porter ou revendiquer le Commun politiquement ? Doit-on penser aux mouvements comme Occupy, les Indignés voire les révolutions arabes ? Ces mouvements recouvrent-ils une singularité propre ?

A. Négri - Selon moi, la chose absolument fondamentale chez les Indignés ou Occupy, c’est le refus de la représentation (à côté des thématiques du vieux socialisme des droits et des Libertés) ; et c’est aussi d’avoir posé la question de savoir comment on dépasse la représentation. La représentation démocratique aujourd’hui, celle que l’on dit "libérale", bloque toute possibilité de réforme, avec sa conception de la majorité (le seuil des 50%) et ses conceptions de la liberté et de l’opinion publique qui sont celles des riches. De ce point de vue, la représentation est le point critique de toute la civilisation libérale. Et le Commun, justement c’est l’autre réel de la représentation qu’il faut construire. Et c’est là tout le problème de la représentation, qui n’est plus celui de la critique contre la bureaucratie ni celui du capitalisme qui pourrait fonctionner selon des finalités "communes". Le capitalisme ne peut pas fonctionner sans un Etat dans lequel la représentation est achetée. On dit souvent que le problème de la représentation renvoie au refus du politique. Ce n’est pas vrai ! C’est le refus de la représentation à travers les partis politiques qui enlèvent jusqu’au fond la possibilité d’expression des besoins fondamentaux.

C. Vercellone - La multitude serait donc au Commun ce que le peuple est à la démocratie représentative. A partir de là, qu’est-ce que signifie institutionnaliser le Commun ?

A. Négri - Cela signifie inventer des institutions qui soient en mesure d’organiser l’expression des savoirs et de la volonté collective. Qu’est-ce que l’institution du Commun ? C’est l’école Vitruve dont tu me parlais avant cet entretien (voir interview de G. Delbet dans ce numéro) ! C’est le fait que, dans la mairie d’un village, les gens participent. Alors, il y a peut-être d’autres questions à poser. Y-a-t-il une forme de démocratie qui nous permet de prendre des décisions ? L’usage d’Internet (rf. à la démocratie digitale) peut-il être une solution ? Quelle est la place de l’expertise dans le rapport à la décision démocratique ? Par exemple, dans la Vallée de Suse en Italie, il y a l’Etat qui a décidé de faire passer une ligne TGV Lyon-Turin. Les gens ont dit non. Ils disent qu’ils ont déjà une ligne qui passe et qui est utilisé à 30 % ; que creuser la montagne est extrêmement dangereux car la montagne est pleine d’amiante et de matière radioactive ; qu’il y a aussi deux autoroutes dans cette vallée ; les gens disent qu’ils veulent vivre tranquillement dans cette vallée.

Cela pose aussi des problèmes d’expropriation, ce qui nous renvoie à la question de l’usus évoquée précédemment.

A. Négri - Tout à fait. On peut aussi le prendre sous l’angle des résistances et des contre-pouvoirs. Car normalement, tous les gens refusent la violence. Mais dans le cas de la vallée de la Suse, par exemple, a émergé la question de se défendre contre l’Etat. Il faut empêcher que le tunnel soit creusé et pour cela le décider avec l’accord de tout le monde.

Mais cela signifie-t-il que les luttes pour le Commun sont toujours locales ?

A. Négri - Le rapport entre les lieux du Commun et son inscription dans la durée est toujours problématique, conflictuel. Il est évident que l’ancrage spatial dans le Commun est plus important selon moi que dans le concept de démocratie. Je pense par exemple au fédéralisme, le fédéralisme en tant que forme politique d’organisation spatiale, qui est complètement lié au Commun. Mais le fédéralisme ne va pas de soi. C’est une conquête ! C’est un rapport démocratique qui ne doit pas être simplement abstrait. Ce ne peut pas être la Rome impériale. Le fédéralisme ne doit pas être réduit à un mécanisme souverain (rf. à Pufendorf). Il y a, par exemple, beaucoup de gens qui sont complètement convaincus qu’il faut créer au niveau de l’Europe un gouvernement qui soit un Etat superviseur. Mais il y a une autre conception du fédéralisme (rf. à Althusius) qui met l’accent sur l’autonomie des différents niveaux de décision (rf. au principe de subsidiarité) au sein de l’organisation politique. En France, tous ces débats sur le fédéralisme sont passés sous silence, voire totalement ignorés à l’inverse de ce qui se passe en Italie, en Espagne ou en Allemagne.
Mais le fédéralisme peut aussi devenir une chose horrible avec des phénomènes identitaires. Si tu prends la ligue du Nord italienne, ils sont pire que des fascistes sur la spatialisation du pouvoir, avec tous les égoïsmes et les corporatismes qui se développent à grande échelle.

Le processus politique de construction du Commun n’est pas donc fédéraliste par essence ?

A. Négri - Ce processus n’est pas seulement fédéral. La construction du Commun renvoie plutôt une tendance, une manifestation d’une dynamique fédéraliste. Mais le problème, c’est d’abord de chercher à construire la démocratie par le bas. Comment arriver à détruire le concept de représentation parlementaire (avec le principe de majorité) et tout ce qu’il y a autour ? C’est le capitalisme qui a absorbé, "subsumé", la démocratie. En Italie, par exemple, on fait le procès de la caste des hommes politiques. Mais personne ne parle de la caste des médias ou des banquiers ou de ceux qui dirigent les journaux. C’est incroyable ce qu’ils gagnent ! Il y a un ordre politique implicite extrêmement féroce.

Peut-on alors imaginer cette construction comme un processus "pas à pas", démocratique ou "social réformiste" ? ou bien doit-on imaginer qu’il n’y a d’autre possibilité que de faire le "grand saut" ?

A. Négri - Ce qui est certain, c’est qu’un processus constituant est en route. Ce processus est à la base de tout le reste, dans les mouvements. Aujourd’hui, tous ces mouvements partent-ils de l’idée que l’on doit mieux faire fonctionner le capitalisme ou la démocratie ? Non. Autrement dit, le pouvoir constituant vient avant les objectifs que ces mouvements se donnent. C’est quelque chose d’extraordinaire. Toutes les révolutions que l’on connaît commencent par l’idée qu’il faut faire les états généraux pour retrouver la véritable constitution…. et reconstruire cette idée que le "Roi est bon". La nouveauté dans ces mouvements, c’est que les gens commencent par l’idée qu’il faut couper la tête du Roi. Ce n’est pas un résultat, c’est le début. Pour moi, c’est un pas en avant extrêmement important.

On ouvre alors le champ des possibles par une rupture radicale au plan politique…

A. Négri - … mais une rupture qui s’est déjà produite dans nos esprits. C’est la même chose que ce que je disais au début de l’entretien au sujet du Commun. C’est une prise de conscience que cette idée selon laquelle "travailler" signifie pour tous "travailler avec". Et c’est quelque chose d’ontologique du même ordre qui se joue dans ces mouvements.

Mais alors, le capitalisme cognitif peut-il aussi être un moteur de cette rupture ?

A. Négri - C’est évident à partir du moment où les structures actuelles du mode de production ne sont pas toutes alignées sur celles du capitalisme cognitif. Mais on peut dire aussi que même les révolutions arabes, à leur début, avaient quelque chose de commun avec cette idée de rupture. Mais ce processus a ensuite été bloqué par les mouvements islamistes. Cela signifie que ces révolutions renvoient à un processus révolutionnaire extrêmement profond. Foucault, en parlant de l’Iran, avait compris cela. Quand le religieux s’immisce pour bloquer le développement d’un point de vue capitaliste, cela signifie que l’on est arrivé au cœur de luttes de dimensions biopolitiques.

Pour conclure cet entretien, peut-on dire que le Commun a un avenir politique devant lui ?

A. Négri - Si l’on pense à l’Amérique Latine, on a pu voir que le dépassement du Consensus de Washington est passé par des formes politiques transitoires où la structure de l’Etat s’est retrouvée dans un rapport continuellement ouvert avec la dynamique des mouvements sociaux, comme ce fut le cas en Argentine sous le gouvernement N. Kirchner. Dans ces situations, les mécanismes traditionnels de la représentation sont complètement bloqués et dépassés par cette dynamique et cette pluralité. En réalité, les grands partis communistes ont toujours considéré les grands mouvements sociaux ou syndicaux comme absolument fondamentaux mais toujours à l’intérieur de leurs organisations. Ici, l’organisation est extérieure à ces mouvements. Il y a une dialectique ouverte qui renvoie à l’idée que l’Etat libéral dans ces situations est dépassé. Il y a dans ces mouvements l’expression d’un pouvoir constituant qui se trouve être en prise directe avec le pouvoir exécutif et non avec le pouvoir législatif qui est presque toujours mis dehors. Ce sont des processus politiques extrêmement dynamiques mais généralisés et étalés dans le temps. Un autre exemple est celui des Etats post-socialistes qui essaient de prendre modèle sur les démocraties occidentales. Les problèmes sont similaires. En Chine par exemple, il y a des degrés de construction des pouvoirs par la base, et aussi une structure de propriété commune qui demeure encore très importante. Il faut démolir ce modèle de démocratie libérale datant du XVIIIe siècle, auto-suffisant et qui, aujourd’hui, devant le Commun, est devenue une bêtise.

Propos recueillis par Patrick Dieuaide.