Accueil > Les dossiers > De l’automne 2004 à l’automne-hiver 2005/2006, du n° 18 au 21 > N° 20 (été 2005) / énergie : à contre-courant / vert Brésil ? > énergie : à contre-courant > Le méthanol

Le méthanol

vendredi 9 septembre 2005, par Marc Robert

Le méthanol, de formule brute CH3OH, actuellement synthétisé à partir de syngas (mélange gazeux de CO et de H2) produit avec des ressources fossiles, peut également être obtenu par oxydation directe du gaz naturel (méthane CH4), par réduction du dioxyde de carbone atmosphérique CO2 en présence d’hydrogène, ou encore en utilisant le syngas ou le biogaz issu de la biomasse. Liquide à température ambiante, le méthanol est plus facile à stocker que l’hydrogène. Le méthanol constitue un bon carburant pur ou mélangé à l’essence traditionnelle, et peut être utilisé sous forme de DME (di-méthyl éther, formé de la condensation de 2 molécules de méthanol) dans les moteurs diesel. Il peut également être utilisé seul dans des piles à combustible (DMFC, Direct methanol fuel cell), développées au Loker Hydrocarbon Research Institute en collaboration avec le Jet propulsion laboratory (California Institute of Technology, USA). Dans ce type de pile, le méthanol est directement oxydé en présence d’air pour donner de l’eau et du CO2, et produire de l’électricité. La pureté du méthanol permet de ne produire ni d’oxydes d’azote, ni d’oxydes de soufre, pas plus que de gaz organiques réactifs, polluants majeurs des moteurs automobiles. La quantité de CO2 produite est environ divisée par deux en comparaison de ce que l’on obtient classiquement dans les moteurs à combustion. Les applications sont nombreuses, pour l’alimentation des téléphones portables ou des ordinateurs, pour les futurs scooters et voitures électriques, ou bien encore pour toutes les applications et dispositifs nécessitant de grandes quantités d’électricité. On peut également transformer le méthanol en éthylène ou polypropylène, deux composés de base de l’industrie des matériaux aujourd’hui issus du pétrole, ou encore en diesel de synthèse extrêmement pur.
Contrairement à l’hydrogène, le méthanol constitue un moyen simple et efficace de stockage de l’énergie, son utilisation est moins contraignante même s’il est toxique comme le sont les carburants actuels, et son utilisation massive ne nécessiterait pas d’investissements lourds en infrastructures, là aussi à l’inverse de l’hydrogène. Alors "l’économie méthanol", une solution miracle à la crise énergétique ? Certainement pas, mais une technologie plus prometteuse que l’hydrogène et qui permettrait de réduire notablement les rejets de CO2 dans les transports.

Marc Robert