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édito banlieue rouge, banlieue verte
mars 2002, par
Dans cette livraison de printemps, nous abordons la question des banlieues, avec une hypothèse : on ne peut aborder les problèmes actuels sans revenir sur la configuration sociale et politique qui avait stabilisé ces territoires au cours du XXe siècle, celle des "banlieues rouges". C’est parce qu’elles n’avaient de sens et de légitimité qu’au sein de la société industrielle que les banlieues paraissent aujourd’hui le symbole de l’anti-écologie, mais elles constituent également un laboratoire grandeur nature où se trouvent reposées sur de nouvelles bases des questions telles que la croissance des villes, l’urbanisme et les logiques de ségrégation (F. Guattari ; C. Binétruy, M. Hardy et C. Sagrigoli) ou les relations économiques (M. Hatzfeld).
La fin de l’arrimage des banlieues à la question sociale et aux luttes du travail laisse une situation ambiguë, qui mêlent des velléités de retour à la gestion des "classes dangereuses" (E. Ruty) et des expérimentations qui restent fragiles. Peut-on déjà en dégager des éléments de stratégie face à la désindustrialisation, autour notamment du revenu garanti (A. Querrien et F. Rosso), de nouvelles formes de créativité collective dans les friches artistiques (L. Rossi) ou encore de l’économie solidaire (B. Villalba) ? Assiste-t-on seulement à des initiatives partielles de gestion de la misère, ou aux premiers balbutiements d’une mutation profonde de tout un fonctionnement culturel et politique (G. Grammont) ? Les dynamiques sociales qui émergent dans les banlieues restent éparses et ne sauraient s’articuler, comme à l’époque ouvrière, autour d’une lutte centrale, d’où le sentiment d’une incapacité à enrayer un processus de dégradation généralisée.
Dans ce contexte, les élections municipales de mars 2001 ont pu sembler marquer les signes avant-coureurs d’une recomposition à gauche, nécessairement plurielle, impulsée entre autres par les écologistes. EcoRev’ a réuni des élus et des militants de plusieurs villes de la banlieue parisienne pour un échange sur les pratiques politiques et sociales à mettre en œuvre pour consolider cette alternative, ainsi que sur leur relation à l’héritage des banlieues rouges. Discussions dont la synthèse est présentée en clôture du dossier.
Notre série sur le bilan de la mandature se poursuit avec un entretien qui permet d’amorcer une réflexion sur les changements institutionnels à opérer pour sortir de la Ve République (B. François), et une chronique de l’apprentissage par les Verts de la vie politique "officielle" (A. Noury). D’autres articles, sur le clonage et sur le secteur pharmaceutique, permettent de poursuivre les débats engagés dans le n°5 et lors du colloque "Quelles sciences pour quelle société ?". Bonne lecture !